Habiletés sociales : Capacité à perdre
Ces 4 mots se trouvaient dans une liste des différentes habiletés que l’humain peut développer. Une liste comme on les connaît, comme on en a vu mille fois. Je n’ai jamais vu les mots « capacité à perdre » dans la liste des habiletés sociales, par contre. Ça me questionne. Ça me confronte un peu. Ça me porte à réfléchir à des personnes et des événements auxquels, en général, je n’aime mieux pas penser.
L’être humain est un être social. Les relations avec les autres sont importantes pour notre santé mentale, pour notre sécurité, pour notre sentiment d’appartenance. Socialement, nous rencontrons des gens tous les jours. Certains de ces inconnus deviendront des connaissances, des amies, des amours ou des gens que nous n’aimons pas particulièrement. On ne s’en sauve pas; tous les jours, on rencontre des gens. Nous sommes des êtres en relation.
Certaines personnes sont de passage dans nos vies. Parfois, ce passage se termine à cause d’un déménagement, un décès. Parfois, c’est nous qui coupons les ponts pour (nous semble-t-il) de très bonnes raisons. Parfois, nous sommes mis de côté pour (sûrement, j’imagine) de très bonnes raisons. Les gens entrent dans nos vies et plusieurs en ressortent. Que nous le voulions ou pas. Il y a perte, deuil. Certains diront que c’est là le cycle de la vie mais ici, je lis « la CAPACITÉ » de perdre…
C’est lorsque nous perdons quelqu’un que ce manifesterait (ou pas) notre habileté sociale qui est la capacité à perdre.
« Suis-je capable de perdre? » ; Je pense à toutes ces personnes; celles que j’ai aimées et celles que je n’ai pas aimées.
Les premières personnes à qui je pense m’ont été perdue pour cause de décès. Il y en a beaucoup trop et depuis beaucoup trop longtemps. Je connais plusieurs personnes de mon âge qui n’ont même encore jamais perdu leurs grands-parents, qui n’ont jamais eu de deuils-décès. Je peux dire avec conviction que la capacité du deuil, je l’ai. C’est devenu un art, une sorte de danse… un mouvement fluide de choc, de tristesse, de nostalgie, et puis éventuellement, de reconnexion, autrement. Invisiblement.
Je pense aussi aux gens que j’ai tant aimés, et qui pour une raison ou une autre, n’étaient pas saines pour moi. Qui me siphonnaient tout ce qu’il y a de plus vivant en moi, qui me tourmentaient de leur négativisme, de leur victimite ou de leur chantage affectif. Ces gens avec qui j’ai choisi de couper les ponts; que je ne vois plus, ou que je vois moins souvent. Je pense souvent à eux et je me souviens les bons moments. Je les aime encore, autant, de tout cœur. Mais je persiste à garder mes distances pour ma santé, ma sérénité. C’est dans ces moments que je perçois comment c’est difficile de continuer à perdre ces gens. Mais je persiste.
Je pense aussi aux gens que j’ai aimé et que j’aurais aimé garder avec moi FOREVER, mais qui m’ont laissé derrière ou en avant ou à côté. Parfois, on m’a dit pourquoi c’était fini. Parfois, je n’ai jamais su. Un peu comme les personnes avec qui moi j’ai coupés les ponts… Certains doivent savoir pourquoi, d’autres pas. J’avais mes raisons que seul mon cœur peut comprendre, comme ils avaient sûrement leurs raisons que leur cœur comprend. À chaque fois, avec le recul, je sais que ça eu du bon, car de nouvelles personnes sont entrées dans ma vie. Elles y resteront peut-être. Ou peut-être pas.
Et je pense aux personnes que j’aime qui sont toujours dans ma vie. J’espère ne pas les perdre!! Mais on ne sait jamais. Et je pense aux personnes que je n’ai pas aimé et qui ont été retiré de ma vie de diverses façons, et j’en suis reconnaissante car j’y ai appris de belles leçons.
Habiletés sociales : Capacité à perdre
Est-ce que c’est 4 petits mots vous font réagir aussi? Qu’en comprenez-vous?
Je trouve que c’est une belle réflexion et une belle discussion à avoir entre nous, et avec soi-même
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Oui, j’ai développé cette capacité à perdre tout au long de ma vie mais avoir la capacité ne veut pas dire trouver ça plus facile. À 59 ans, j’ai toujours le souvenir intact de ma première perte, la mort de mon grand-père maternel. J’avais 5 ans à peine, je ne me souviens de rien à son propos, s’il était gentil ou non, sauf de ces quelques instants juste avant sa mort. …1966….Il revenait de la chasse et a bu un verre de vin rouge en mangeant des tartines de lard à la cuisine puis s’est dirigé vers l’endroit où j’étais et s’est effondré sur le divan. Un souvenir de moins de 10 minutes…..Probablement marquée parce qu’il est mort d’une crise cardiaque fatale à quelques pieds de moi qui jouait avec ma poupée sur le sol. Je ne comprenais pas ce qui se passait puis plus rien. Je n’ai plus revu grand-papa et personne ne m’expliquait. Puis, les pertes se sont succédées les unes après les autres, causées par d’autres et/ou par moi, pour différentes raisons qui amenaient les relations à être trop toxiques. Pour sauver ma santé, après une panoplie de pertes, j’ai finalement apprivoiser la compagnie de gens de passage seulement, c’était devenu une obligation pour moi. Je préférais de loin les relations au travail seulement ou bien des relations de courtes durées. Aujourd’hui, je change jour après jour, et je travaille non pas à refaire le passé mais à le recréer d’une façon nouvelle. Je sais, les gens ne sont plus les mêmes, les visages sont nouveaux mais peu importe, l’amour que j’ai en moi ne demande qu’à sortir et j’ai de plus en plus envie de le partager même si ce n’est pas avec les gens que j’ai connu par le passé. Je répare ma vie avec les outils que j’ai et je vais faire en sorte que mon coffre à outils soit bien rempli.
Oh oui, les pertes laissent des traces Johanne, et ces pertes ont le potentiel de nous porter vers plus d’empathie, de compréhension et de capacité aussi à vivre dans le moment présent et apprécier les relations qui sont là quand elles sont là. Merci pour ton partage xo
Merci à toi Stéphanie, merci d’être là…câlins virtuels…xx